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Parmi les trois générations de FOCAsport, le FOCAsport II est à mon sens celui qui mérite le plus d'être remis en état dans le but de s'en servir. C'est en effet celui qui rappelle le mieux le fini et le sérieux des modèles à rideaux par sa construction robuste entièrement métallique, par la fiabilité de son obturateur et par la qualité de son objectif à quatre lentilles entièrement réalisé en laiton nickelé, y compris la bague frontale, contrairement aux autres FOCAsport où l'aluminium est présent dans cette partie. De plus, le principe de la mise au point par déplacement complet du bloc optique permet à l'objectif de conserver ses qualités à toutes les distances. A cela il faut ajouter un télémètre à large base clair et précis malgré une importante simplification (en particulier usage de miroirs au lieu de prismes) par rapport à celui des appareils à rideaux. Seul pourrait lui être comparé le FOCAsport II F moins fiable et surtout moins bien fini. |
Démontage du capot
Le démontage de la griffe porte-accessoires est complètement inutile, pire s'il a lieu, il devient alors impossible de la refixer sans démontage du capot car la pièce en T qui reçoit les 3 vis est tombée à l'intérieur et son déplacement lors des secousses va pouvoir endommager le miroir ou la glace semi transparente du télémètre.
Dévisser l'oculaire à l'aide de l'outil I 31128- OP 134.
Dévisser le bouton de rembobinage avec l'outil OP 34-IND-9654 placé en opposition (ou un tournevis placé dans la fente d'entraînement de la bobine.
Dévisser la vis du compteur avec l'outil OP 134-IND-9657 (attention aux rondelles et au ressort).
Dévisser les 3 vis de fixation du levier d'armement, retirer le ressort de rappel.
Dévisser les deux écrous de fixation du capot (côté rembobinage et côté armement) avec l'outil OP 134-IND-9653.
Soulever le capot en prenant garde à ce que la tige filetée du déclencheur et / ou son poussoir ne tombent pas sur le télémètre (incliner l'appareil vers l'arrière).
Démontage de la partie antérieure de l'obturateur
Démonter la couronne d'objectif (3 vis pointeau), retirer la plaque des vitesses et la rondelle.
Dévisser le barillet antérieur de l'objectif en s'aidant d'un bracelet en caoutchouc ou d'un petit collier à vis sans fin. On peut aussi utiliser un manche en bois sur la tranche duquel on a collé un disque de caoutchouc dur (sens inverse des aiguilles d'une montre).
Dévisser la petite vis à 6 heures qui bloque la plaque de maintien du disque des vitesses puis retirer la plaque et le disque.
Quelques conseils pour le remontage
Le remontage ne présente aucune difficulté. Pour bien respecter l'état d'origine un peu de vernis peut être déposé au pinceau sur les têtes de vis qui en comportaient (télémètre - levier d'armement).
Pour l'obturateur ne pas oublier de replacer la grande rondelle à l'intérieur de la gorge à la face interne de l'échelle graduée des vitesses.
A ne pas oublier non plus le poussoir à l'intérieur de la tige filetée du déclencheur et la rondelle sous le capot côté armement.
Il est plus facile de visser l'oculaire bien à fond avant de serrer les 2 écrous de fixation du capot, parfois un léger déplacement du télémètre peut être nécessaire pour faire coïncider la découpe du capot.
Bien superposer les deux orifices du capot et de la coupelle qui reçoit le ressort de rappel du levier (on peut enfiler une tige pour assurer l'alignement pendant le serrage de l'écrou)
Vérifier avant de placer le ressort que les spires ne soient pas embrouillées, l'extrémité la plus ouverte s'introduit dans l'orifice de la coupelle, l'autre extrémité s'accroche dans la fente médiane du levier. Il faut bander le ressort d'1/4 de tour environ pour amener le levier en bonne position sur l'axe d'armement avant de mettre en place les 3 vis de fixation. En fonction de la force de rappel souhaitée une des deux autres fente peut être choisie.
En remontant le compteur, respecter l'ordre des pièces et la place des rondelles comme indiqué sur la vue ci-dessous. L'épaisseur de la plus petite rondelle a une incidence sur la hauteur du compteur par rapport à celle du levier (affleurement). Serrer modérément la vis afin d'éviter de la casser (laiton nickelé).
Remontage des pignons
En fait la seule difficulté rencontrée pour remonter un FOCAsport II qu'on aurait eu la mauvaise idée de démonter entièrement est le remontage des pignons qui doivent être positionnés à la dent près pour assurer l'armement en une seule manœuvre en même temps que la fonction blocage/déblocage de l'armement/déclenchement. C'est la raison pour laquelle dans la mesure du possible il vaut mieux ne pas toucher à cette partie de l'appareil. Une des raisons qui pourrait justifier un tel démontage est l'usure ou le bris d'une dent d'un petit pignon situé sous la platine d'armement comme j'ai pu le constater à plusieurs reprises sur un FOCAsport II et une fois sur un FOCAsport IB.
Voici quelques indications pour mener à bien cette opération.
Présenter la partie arrière du boîtier face à soi.
Tourner avec le pouce la roue à picots jusqu'à blocage ce qui a pour effet de pousser vers la gauche en fin de course la pièce nickelée de blocage/déblocage et de libérer le déclencheur (à moins que ça ne soit déjà fait).
Positionner le pignon de droite de façon à ce que les 2 axes des cliquets soient disposés à 9 et 3 heures -celui de gauche est alors presque caché- (voir photo 7 c).
Placer verticalement l'axe du levier d'armement en présentant la partie coudée vers le bas de façon à ce que son bord droit soit contre le cliquet visible, en évitant de faire tourner le pignon (voir photo 7 b).
Enfiler par dessus le carter qui porte le tout petit pignon en le présentant correctement (voir photo 7a) et superposer les 3 orifices de fixation avec ceux du boîtier. Pour que la pièce s'applique complètement sur le boîtier il faut en général faire tourner l'axe d'une façon infime dans le sens de l'armement pour faire engrener les pignons. Puis visser le carter (2 vis suffisent pour l'instant) et fixer sommairement le levier d'armement (une seule vis pour l'instant).
Déclencher en enfonçant la tige du déclencheur puis armer. Si après avoir armé, la pièce nickelée a retrouvé sa place complètement à gauche et donc si un nouveau déclenchement est possible : tout va bien. Si pour en arriver là il faut effectuer 2 manœuvres d'armement, c'est qu'il y a une erreur d'une dent. Dans ce cas après avoir effectué la deuxième manœuvre, il faut déclencher puis réarmer une seule fois et ramener le levier complètement à gauche. Ensuite sans enlever le levier, dévisser les vis du carter de 3 tours (pas plus car il ne faut pas les ôter) et avec la main gauche soulever l'ensemble, en saisissant le levier, jusqu'aux têtes de vis puis avec le pouce de la main droite faire tourner à fond la roue à picot et replacer le tout. Là aussi il faut en général faire pivoter de presque rien le levier d'armement vers la droite pour faire engrener les pignons. Resserrer les vis et refaire un essai qui devrait être concluant.
Mettre alors la troisième vis et enlever le levier pour remonter le reste.
(Vue
6)
Remarquer la similitude avec les bobines pour appareils à rideaux si on remplace la vis 6 et le pignon 1 par 2 pièces faciles à réaliser |
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7a |
7b |
(Vue 7a -b -c -d)
Détails du système d'armement ainsi que du système de blocage/déblocage de l'armement/déclenchement (d) à différents stades du démontage. Le télémètre a été retiré |
7c |
7d
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(Vue 8) Le démontage est presque complet. L'hélicoïdale vissée dans la platine avant (sens inverse de aiguilles d'une montre) est formée de trois pièces |
Réparation du pignon d'armement
Ce petit pignon est l'un des points faibles du FOCAsport II et des FOCAsport première génération à levier. En général la présence d'un corps étranger (souvent débris de verre) bloque l'armement, et si l'on insiste trop vigoureusement sur le levier, une dent casse. A défaut de posséder une machine à tailler les engrenages, il est possible de procéder au remplacement d'une ou plusieurs dents cassées selon la technique utilisée par les horlogers-rhabilleurs et qui consiste à découper largement la partie endommagée en forme de queue d'aronde ou queue d'aigle, c'est à dire évasée en direction du centre. Ensuite on ajuste un morceau de laiton plus épais que le pignon et dans lequel on peut prendre largement la dent à remplacer, qui épousera la même forme que l'emplacement découpé. Un peu de pâte à souder est posé avec une pointe fine autour de l'emplacement, on chauffe, la soudure coule par capillarité et c'est fait. Il ne reste plus qu'à limer la plaque à fleur de pignon des 2 côtés et à former la dent . Une fois le travail fini, on aura de la peine à reconnaître cette nouvelle dent dont la solidité est assurée.
Dans le cas présent, la difficulté réside dans la petitesse du pignon dont le diamètre ne fait que 9 mm. Pour ne pas modifier les propriétés mécaniques du métal de cette petite pièce, le chauffage pour la soudure sera effectué au fer à souder électrique et non à la lampe.
Il s'agit ici d'un premier essai, et j'espère obtenir un meilleur résultat esthétique par la suite. Par contre le résultat fonctionnel est tout à fait satisfaisant.
Réglage du télémètre
Après un choc, une chute ou même un simple démontage le télémètre peut se trouver déréglé.
Le réglage s'effectue sur l'infini.
Lignes verticales : tourner dans un sens ou dans l'autre la vis d'appui située à gauche de la grande fenêtre (voir vue 5-1 et vue 2-7). Cette vis est normalement enduite de vernis.
Lignes horizontales : le réglage est plus délicat et nécessite une légère bascule du miroir après avoir desserré ses deux vis de fixation (voir vue 2-5).
Lorsque les deux écrous du capot et l'oculaire ont été serrés il est prudent de revérifier le réglage avant de remonter le reste car j'ai remarqué que parfois les contraintes de serrage pouvaient avoir une incidence nécessitant une retouche.
Si un dépoussiérage est nécessaire éviter tout contact avec les surfaces très fragiles du miroir et de la glace semi transparente. Choisir pour ces deux élément une petite poire soufflante.
(Vue 2) Télémètre. |
1=glace semi transparente. 2=miroir. 3=lentille mobile. 4=objectif du viseur. 5=les 2 vis de fixation du miroir permettant le réglage horizontal. 6=tige du déclencheur. 7=zone d'appui de la vis de réglage des lignes verticales |
Nettoyage de l'obturateur
Ce type d'obturateur à deux pales est normalement peu sujet au gommage, par contre comme pour les autres FOCAsport, le mécanisme des vitesses lentes peut être plus ou moins figé.
Pour un nettoyage complet procéder de la même manière que celle décrite pour le FOCAFLEX (essence C).
Si l'on souhaite nettoyer uniquement le mécanisme des vitesses lentes il vaut mieux le déposer (2 vis) et le faire tremper à part dans l'essence C. Une lubrification sans excès peut être faite avant le remontage mais elle n'est pas indispensable (la moindre trace d'huile sur les lamelles de l'obturateur qui se prolongent sous le mécanisme serait fatale).
(Vue
3)
Le prolongement d'une des pales est visible au fond du logement du mécanisme des vitesses lentes (déposé) |
Réglage de l'obturateur
Il se fait à deux niveaux après avoir positionné la couronne des vitesses sur une seconde (voir vue 4) :
Par déplacement du mécanisme. Après avoir desserré les vis 1 et 3, faire pivoter le mécanisme autour de la vis 1. En le rapprochant du centre le temps de pose augmente et inversement.
Réglage fin par infime rotation de la tête de vis 2 qui est excentrée par rapport à son axe. Le bruit d'ouverture et de fermeture de l'obturateur doit correspondre avec le déplacement de la trotteuse d'une montre à quartz qui bat la seconde.
(Vue 4) Obturateur face antérieure. La couronne des vitesses a été retirée. Le mécanisme peut pivoter légèrement autour de la vis 1 en raison du diamètre important de l'orifice de fixation traversé par la vis 3. Réglage fin par petite rotation de la tête de vis 2 qui est excentrée. Attention la vis 4 maintient la petite bille et le ressort qui assurent le crantage du diaphragme ! |
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(Vue 4 bis) Obturateur face postérieure. Le diaphragme est positionné sur la valeur 2.8 (bille). Remarquer les 5 trous correspondants aux valeurs d'ouverture 2.8 - 4 - 5.6 - 8- 11 . Il n' y a pas de trou pour l'ouverture 16 qui située en butée n'est pas crantée. |
Réglage de la tige de déclenchement
Un réglage peut parfois s'avérer nécessaire soit à la suite d'un démontage soit après une utilisation prolongée. Cette tige assure en effet deux fonctions bien distinctes dont le synchronisme est important (voir vue 6) :
Le déclenchement par action de la portion 4 de la tige sur le levier de commande 2 (Vue 5) Le déblocage du levier d'armement par action de la pièce conique 2 qui en descendant repousse la pièce mobile 1 vers l'avant. |
Il est à remarquer que lorsqu' après ces 2 opérations la tige remonte, la pièce mobile 1 attirée par son ressort se déplace sur la gauche si bien que l' ergot 3 se trouve sous la pièce conique et interdit un nouveau déclenchement. La pièce mobile sera repoussée à droite lors de l'armement suivant, ce qui autorisera un nouveau déclenchement.
En cas de dérèglement :
Soit le déclenchement se produit avant le déplacement vers l'avant de la pièce mobile, ce qui impose un nouveau déclenchement à vide bien à fond pour libérer le levier d'armement. Soit la pièce mobile se déplace avant le déclenchement, et si juste à se moment là on relève le doigt, le déclenchement n'est plus possible sans un nouvel armement ce qui se traduit par la perte d'une vue. |
Le réglage s'effectue en immobilisant fermement la partie moyenne de la tige (qu'il faut protéger par un petit morceau de cuir) à l'aide d'une pince et en vissant ou dévissant la pièce conique avec un tournevis introduit dans la fente supérieure. L'action de visser avance le déplacement de la pièce mobile et inversement. Une fois le réglage fait il est prudent de mettre une goutte de colle sur le pas de vis.
Démontage remontage et réglage du système hélicoïdal de mise au point
Avec le temps la couronne de mise au point devient parfois très difficile à tourner et un démontage pour nettoyage des 3 bagues filetées et application de vaseline peut s'avérer nécessaire. Si le démontage est assez simple, le remontage peut poser des problèmes en raison de la disposition particulière des bagues vissées les unes dans les autres avec des pas de vis inversés. D'autre part, après remontage complet de l'appareil il faut ajuster la mise au point sur verre dépoli et régler le télémètre.
Démontage.
Après avoir déposé l' ensemble objectif-obturateur et libéré le fil du flash, dévisser la tige filetée 4 et démonter la commande de déclenchement 2 ( vue 5) . Le système est constitué de 3 pièces : La couronne de mise au point (pas à gauche), une bague crénelée intermédiaire D (pas à gauche) et une bague centrale (pas à droite) qui reçoit l' obturateur. La couronne de mise au point comporte une tige de liaison C qui rentre dans l'une des encoche E de la pièce crénelée : il est prudent de marquer cette encoche pour pouvoir la retrouver lors du remontage. L' ensemble se démonte en tournant la couronne de mise au point dans la sens des aiguilles d'une montre (pas de vis inversé) . Voir Vue 7 |
Remontage.
Présenter en premier la bague crénelée
D et commencer à la visser sur la platine en tournant dans le
sens inverse des aiguilles d'une montre. Dès que le pas de vis est pris,
effectuer exactement 5 tours complets en se repérant sur l'encoche
préalablement marquée.
Présenter la couronne de mise au point et placer la tige C dans l' encoche E marquée . En plaquant bien la couronne vérifier que la tige soit en léger retrait par rapport au bord de la bague crénelée (il ne faut pas qu'elle déborde ni même qu'elle affleure). Visser complètement jusqu' à butée la couronne (sens inverse des aiguille d'une montre). En fin de course l'infini doit pouvoir dépasser le repère d'un ou deux centimètre. La pièce la plus délicate à monter est la dernière. Dévisser un peu la couronne depuis sa position de blocage de façon à présenter le petit bouton qui sert à la tourner à peu près vers une heure. Tout en la maintenant dans cette position présenter la troisième bague dans le bon sens (coté avec les 2 encoches (Vue 8) vers l'arrière) et visser cette bague en tournant vers la droite (sens des aiguilles d'une montre) jusqu'a butée. En faisant des essais méthodiques ( souvent 3 ou 4 suffisent) qui nécessitent de chaque fois redévisser la bague et de la revisser en accrochant les filets précédents il faut rechercher le vissage qui en fin de course rapproche le plus les 2 encoches des guides (Vue 8). Mais en même temps il faut impérativement que l'encoche antérieure située sur l'autre face soit positionnée à 17 heures et non pas à 11heures lorsqu'on place les encoches postérieures en face des guides. Lorsque le meilleur compromis est trouvé, positionner les encoches postérieures en face des guides et tourner lentement la couronne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre jusqu'à ce qu'il s'engagent dans les encoches. Si le montage est correct , les guides doivent rester un peu engagés dans les encoches sur la position de 1 m et être presque engagés à fond sur la position infini. Voir Vue 7 et Vue8. |
Réglage de la mise au point.
Une fois l'appareil remonté (penser à remettre la commande de déclenchement B avant de fixer l'obturateur ) il faut régler le télémètre (vu plus haut) et vérifier la mise au point sur verre dépoli. Pour ce faire le mieux est de disposer d'un déclencheur souple avec pose T et d'un bout de verre dépoli de grain assez fin. Le réglage se fait sur l'infini. Pour corriger la mise au point un démontage n'est pas nécessaire. Il suffit de desserrer les 3 vis pointeau de la couronne puis de la faire tourner dans un sens ou dans l'autre par rapport à la partie intérieure qui comporte une encoche dans laquelle il faut engager un fin tournevis pour assurer son immobilisation. Parfois, en raison des années écoulées, il faut exercer un effort assez important pour faire glisser les deux pièces l'une par rapport à l'autre. Il est a remarquer que ce réglage n'a pas d'influence sur le télémètre. Voir Vue 7 et Vue 9 |
Extrait du FOCAgraphie n° 33 de mai 1957